Le début de l’année 2021 aura été marqué pour moi par un système immunitaire en berne et quelques frayeurs médicales. Une rechute d’infection de mon nerf oculomoteur due à une crise de paludisme suivie quelques jours plus tard d’une contamination au covid-19, si l’accumulation n’a rien de réjouissant, ma découverte du système de santé burkinabé a été très intéressante et éclairante sur la différence de rapport à la maladie et à la santé entre l’Europe et le Burkina. Je vous en avait déjà toucher un mot ici.
A symptômes similaires, réactions opposées
Ayant déjà souffert d’une infection au nerf oculo-moteur en octobre 2019 en Belgique ( au retour d’un premier voyage au Burkina), le contraste de prise en charge pour des symptômes similaires est frappant.
En Belgique, une hospitalisation de 4 jours, des médicaments en intraveineuses et des tests allant jusqu’à la ponction lombaire. Au Burkina, j’ai eu droit à une prise de sang mais pas de traitement avant d’avoir les résultats le lendemain, un rendez-vous chez l’ophtalmologue et un scanner pour vérifier. Une fois, la cause déterminée, le palu (paludisme ou malaria, communément appelé palu par ici), des anti-paludisme et une visite de contrôle 4 jours plus tard et c’est tout.
La visite de contrôle ne me coûtant d’ailleurs pas plus que la consultation initiale. Si le prix d’une consultation est onéreuse pour le burkinabé moyen (5.000 FCFC soit 7,62€) , elle est valable pour 15 jours de visites de contrôle et de suivi pour la même maladie. Au Burkina, on ne pousse pas à la surmédicalisation : pas de médicaments sans connaitre la cause de la maladie ni si le symptômes disparaissent d’eux-mêmes, pas de visites supplémentaires si le patient va mieux. Et surtout pas de dramatisation ! Le paludisme , ça peut être grave mais ça se soigne. Alors, rentrez chez vous, prenez votre traitement et reposez vous …. Si vous avez besoin, vous revenez mais sinon, continuez votre vie.
Personnellement, cette attitude me rassure bien plus que l’hospitalisation ‘par sécurité’ et la batterie de tests pour trouver ce qui ne va pas. Et la facture est bien moins salée également.
Au final, la conclusion est relativement simple : mon nerf oculo-moteur se prend la réaction de mon système immunitaire lors d’une infection, donc : « on va essayer d’ éviter les infections le plus possible » dixit le Dr. Djalile en rajoutant « quoi que avec le palu et les moustiques, c’est une bataille continue ». La vie , c’est donc comme ça : il y a des risques, on va les diminuer comme on peut mais acceptons que la maladie est là et peut revenir.

Avoir le covid-19 au Burkina
Sauf que , à rester dans les longues files d’attentes des cliniques, même en portant le masque, on risque d’attraper autre chose et dans mon cas, le covid est passé par mon système immunitaire, guéri mais affaibli par le palu.
Si trouver où faire un test covid est confus ( Je me suis retrouvée au centre de test pour voyageur car un ami venu en visite devait faire le sien pour repartir. Le personnel fut très étonné que j’ai des symptômes « mais vous toussez ! » « Ben, heu, oui, c’est pour ça que je viens… »), la prise en charge , elle est fluide et une fois de plus sans panique ni drame exagéré.
Mon ami, négatif, reçoit un sms avec son résultat quelques 12h après le test. Mon résultat, lui ne vient pas ce soir là mais je reçois un appel le lendemain me demandant de me rendre au CMA de Daffra car mon test est positif.
Après l’expédition en moto jusqu’au CMA ( à 5 km du centre et perdu dans les voies rouges), la prise en charge est simple : un questionnaire sur mes symptômes, distribution du traitement pas obligatoire mais recommandé et surtout gratuit, et une déclaration sur honneur de confinement à la maison pour les 10 prochains jours. Un médecin disponible pour répondre aux questions voir même plaisanter, un certificat de 10 jours et me voilà sur le chemin de la maison où repos et patience seront mes compagnes pour les prochains jours.

Peu de moyens mais moins de panique
En conclusion, ici la maladie fait partie de la vie, elle existe, c’est donné. Bien sûr, si on peut diminuer les risques de l’attraper, d’avoir une forme grave, d’en mourir, faisons le mais pas au détriment de la vie elle-même. Si le traitement est pire que la maladie, cela n’est pas utile.
Et puis ne paniquons pas : être malade, ça arrive.
Le système de santé , tel que je l’ai rencontré au Burkina, fonctionne sur cette philosophie et moi, ça me panique beaucoup moins. Je me suis sentie prise en charge mais jamais comme étant en danger.
Bien entendu, les moyens du système de santé sont moindres qu’en Europe ( quoi que le scanner blanc éclatant et flambant nef à quelques mètres des échoppes colorées et bruyantes et des troupeaux de moutons a de quoi surprendre) et pour une série d’affection, j’aurais plus de chances de m’en sortir en Europe ( je n’aimerai pas devoir me remettre d’une fracture grave ici). Et pourtant, je me sens sereine face à ma santé ici : être malade, ça fait partie de la vie et si c’est soignable, ce le sera.
Et les burkinabé
A ce sentiment de sérénité s’ajoute la bienveillance des burkinabé qui m’entourent. Pas un jour sans un message, un appel, une visite pour voir si je vais bien, si j’ai besoin de quelque chose: des courses, à manger…. Même les moins proches vérifient. Ainsi lors de l’annulation d’un événement que je devais organiser pendant ma quarantaine, certains participants, rencontrés quelques fois mais sans relation soutenue, appellent pour savoir si « tout va bien? vu que vous avez annulé ». Une réaction jamais rencontrée en Belgique. Je me sens donc également très bien entourée et avec un réseau volontaire pour me donner un coup de main en cas de beson.
Et pour ceux qui s’inquièteraient à ma lecture; je vais bien, les symptômes du covid ont disparus, je me repose bien et pourrais ressortir dès le 30 janvier.
Merci pour cette analyse intéressante.
Alors tu vas pouvoir sortir de chez toi cool !
bat
julien
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Je prends enfin le temps de te lire pleinement et même si je comprends ton ressenti j’avoue être un peu perplexe.
Oui bien sûr on ne panique pas, on ne donne pas des médocs à tout bout de chant, mais quid des gens mal soigné faute de moyens, des diagnostics à l’emporte pièce ?
Peut importe les symptômes, c’est Palu…
Pardon, mais j’ai perdu trop de gens au BF à cause de ce système de santé qui n’en ai pas un…
Et encore on ne parle même pas de l’hôpital public que ouaga, qui un mouroir
Pas de lit, de matériel… Et si tu ne paye pas, tu n’es pas soigné et ce, peut importe ton état.
Alors oui, certaines choses sont bonnes à apprendre, mais personnellement, je n’ai pas la même vision que toi.
Ceci étant dit, c’est un plaisir de te lire, tá plume et douce et agréable.
Bisous
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