L’expression « Tam-Tam africain” peut évoquer un bruit qui se propage loin et sert à transmettre des messages à des kilomètres à la ronde. De mon expérience, l’expression m’évoque également la manière dont se diffuse l’information au sein des communautés africaines : vite et loin.
Dès mes premiers voyages sur le continent, j’ai pu expérimenter comment l’information, souvent à mon sujet, se diffusait à une vitesse fulgurante sans toujours que je m’en aperçoive.
Mes voyages précédents ont majoritairement été faits dans le cadre du travail. Le dimanche, mes partenaires et collègues ont un repos bien mérité et je suis laissée à moi-même sauf que ..
2013, un dimanche à Kabagayi au Rwanda, je me décide à profiter d’une température douce pour aller me balader dans les collines avoisinants, pas très loin et à bonne vue de mon lieu de résidence. Je n’y croise pas grand monde, une dame le long d’un sentier. Lundi matin, que ne fut pas ma surprise, quand mon collègue me demande « et la ballade, hier, ça c’est bien passé ? ».
2014, Ruyigi au Burundi, un village mais avec sa piscine. Mes collègues pratiquants sont à la messe ce dimanche matin, j’en profite pour me décider à aller tester cette piscine.. Je ne rencontre personne sur le chemin, et vois à peine le gardien de la piscine. A peine, une petite longueur de faite que je vois arriver sur le bord , Richard, directeur de l’association avec qui je travaille. « elle est bonne ? Tout va bien ? »

Et ici, à Bobo-Dioulasso, cette manière qu’à l’information de se diffuser à grande échelle, sans que je m’en aperçoive toujours, se confirme facilitée très certainement par le fait que en tant que blanche, je reste très visible même dans une grande ville où je ne suis pas la seule.
Ainsi tous les enfants du quartier connaissent mon nom, même ceux que je pense jamais avoir déjà croisé. Attablée pour une rafraichissante sucrerie, au Maquis « On ne force pas », des enfants passent et me dévisagent. » La blanche ! « , « Toubabou ! « . A mon manque de réaction, un gamin essaie : « Mayliss ? », difficile de continuer à les ignorer ! Comment il connait mon nom ? Surement, une des petites amies qui ont pris l’habitude de me parler à dû lui dire.
Marie-Christine en fait aussi l’expérience. Après une petite ballade, elle hésite sur le chemin à prendre pour rentrer. Un jeune homme lui demande « tu cherches la maison ?, C’est par là » en indiquant le chemin de notre maison. Alors que Marie-Christine s’était surtout déplacée en voiture jusque-là, elle est repérée.
Quand je rencontre des agents communaux lors de mes activités, je me rends compte aussi que mon histoire à Bobo me précède : on sait que j’ai suivi la formation d’éco-conseil, que je travaille pour le Guimbi, que je suis revenue pour m’installer (fait qui semble assez exceptionnel pour alimenter les conversations.)
Ainsi, il me faut m’habituer : l’information sur ce que je fais et qui je suis se diffuse vite et à beaucoup de monde. Impossible de rester anonyme dans ce contexte. Reste à espérer que les rumeurs qui se diffusent me soient en majorité favorables et ne comportent pas trop de mensonges ou de suppositions erronées.
