Leçon de drague burkinabé

Les hommes burkinabé draguent beaucoup tout le temps. Ils jouent, parfois cela semble fonctionner pour eux, parfois moins. Et ils draguent beaucoup les européennes qui ont une réputation de filles faciles. Il faut dire que leur manière de courtiser est agréable et bien moins intrusive que celles qu’on connait en occident.

 Deux phénomènes influencent fortement ma perception de la drague burkinabé.

Le premier est que l’Afrique m’aime beaucoup ou en d’autres termes «  Mallou, elle attire toujours les noirs ».  Ce phénomène connu de tous mes amis et famille a commencé à ma puberté et ne s’est jamais réellement arrêté depuis. Que ce soit en contexte de soirée festive, dans la rue, au guichet de gare, les garçons et les hommes qui m’abordent et me draguent sont en majoritairement des hommes noirs : africains, caribéens.  Ce truc fonctionne quand je danse, quand je parle, quand je marche en rue et la plupart du temps sans même que je me rends compte de quoi que ce soit.

« Je te cherchais et puis j’ai simplement suivi le regard du jeune homme noir là  qui avait changé et tu étais au bout » – mon père à la sortie d’une gare bondée, je devais avoir 20 ans.

Peu expliqué, les intéressés même ne semblent pas connaitre le pourquoi, ce phénomène fait que je suis habituée à la drague des hommes africains. Et que je ne suis donc pas surprise par les nombreuses approches des burkinabé. Il me suffisait de me balader au quartier Matongué (quartier africain de Bruxelles) pour connaitre le même empressement dans les regards.

Le deuxième phénomène est que j’ai grandi en Europe et ne me suis pas fait approcher que par des personnes  d’origines africaine. Ce phénomène est beaucoup plus commun aux filles et femmes européennes. C’est l’insistance outre-mesure des hommes. Celle qui rend le fait de la drague désagréable. Celle qui fait que les femmes se méfient de tout homme qui les aborde. Celle qui fait s’allumer le voyant clignotant rouge «  attention, danger » au moindre compliment sortant d’une bouche masculine.  Parce que trop souvent un refus poli mène à encore plus d’insistance, à des injures voir à des attouchements. Laquelle d’entre nous n’a pas connue le «  mais allez quoi, je rigole », « allez viens ici, fais pas ta mijaurée », qui dégénère en «  tout de façon tu te crois belle, salope ? », «  ben quoi, fallait pas m’allumer » à une main aux fesses ou pire. Cette insistance lourde n’est pas le fait de tous ( oui, on sait « pas tous les hommes ») mais teinte très sévèrement l’expérience de ce qu’est être draguée ou séduite. Personnellement, elle m’a appris à me méfier, elle m’oblige à être sur mes gardes dès qu’un homme m’aborde.

D’où ma surprise face à l’approche burkinabé. Comme dit plus haut, les hommes burkinabé draguent tout le temps peut être encore plus les « blanches » et vu le premier phénomène expliqué plus haut, peut-être encore plus ma personne. Cela pourrait être lourd, encombrant, gênant. Et dans une certaine mesure, parfois cela l’est. MAIS le refus ferme ici est bien plus accepté. Alors, j’apprends à me détendre

Comme je me ballade souvent à pied, il n’est pas rare qu’une moto, une voiture s’arrête , me demande où je vais et si il faut me conduite quelque part. Souvent, je dis non…. Et c’est tout. Le conducteur ne me suit pas, n’insiste pas.

Petit exemple de dialogue (il fait nuit, je marche sur le bas-côté, une moto fait demi-tour et ralentit à ma hauteur) :

-Bonsoir, vous allez où ? Je vous dépose ?

-Bonsoir, vous allez où ? Je vous dépose ?

-Bonsoir, non merci je marche.

-Ah ok, bonne soirée.

Deuxième exemple ( la même soirée, 5 minutes plus tard. Une voiture ralentit, le chauffeur baisse sa vitre) :

-Bonsoir, vous allez bien ? Je peux vous déposer ?

-Non, merci.

– on peut s’appeler après, si cela ne vous dérange pas ?

-…Heu…, ça me dérange.

– ah, ok. Bonsoir alors

-Bonsoir.

La voiture s’éloigne. FIN de la démonstration.

Bien entendu, il est arrivé que certains burkinabé soient plus insistants.

Jusqu’à présent, il m’a suffit  de leur signaler que « oui, j’ai déjà un ami  et oui, il est noir » ( il semblerait qu’un petit ami blanc ne compte pas) pour couper court et passer à une conversation plus neutre.

Au bout du compte, cela devient agréable pouvoir prendre ces compliments sans se sentir en danger et cela même si ma condition de femme m’empêchera longtemps d’éteindre complétement le voyant clignotant rouge et ce où que je sois dans le monde.

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