« OK mais tu généralises… »

Depuis que j’écris ce blog, il m’est arrivée quelques fois de recevoir des retours constructifs de personnes  ayant plus d’expériences que moi de vie au Burkina Faso et qui me signalaient toujours avec beaucoup de bienveillance que je ne donnais pas toute la vérité et que je généralise les côtés positifs. Effectivement le système de santé est loin d’être parfait et laisse de nombreux patients sans les soins adéquats  et tous les burkinabè ne sont pas gentils, comme partout il y en a des « petits c*** » et toutes les interactions ne se finissent pas forcément avec le sourire.

Et pourtant, je ne changerai pas ni ne corrigerai ces articles car j’écris d’une position bien particulière que j’espère, sans doute naïvement , est comprise par mes lecteurs. Si ce n’est pas le cas, voici en quelques lignes pourquoi j’écris comme j’écris.

J’écris d’une position particulière, la mienne

Ce blog est écrit le plus souvent d’un point vue non objectif, le mien. Ainsi j’écris sur mon expérience du Burkina. Une expérience et du coup un point de vue entièrement subjectif et qui comporte de nombreux biais. En effet, je suis blanche, étrangère largement privilégiée,  éduquée de niveau universitaire et même si je ne suis pas riche, mes revenus et mon épargne sont vastement supérieur au niveau moyen du burkinabè… Mon expérience du pays est donc bien différente que celle d’un immigrant togolais ou d’une personne déplacée interne.

Comme je l’ai  déjà  écrit notamment dans cet article, les préjugés vis-à vis des étrangers blancs sont majoritairement positifs. Ce qui influence l’accueil qui nous est réservé et l’attitude générale des burkinabè… Bien que des africains d’autres nationalités ( sénégalais, congolais, rwandais) me l’ont confirmé : les burkinabè sont accueillants avec tous les étrangers.

Mais il est vrai que je ne suis pas traité comme une bonne venue du village. Et ce blog qui traite de mon expérience subjective reflète cela.

J’écris avec une ligne éditoriale choisie

Ce blog, je l’ai commencé pour pouvoir laisser des nouvelles à ma famille étendue, mes amis restés en Belgique. Progressivement , mon écriture a glissé vers une envie de faire découvrir ce pays qu’est le Burkina Faso, ses complexités , ses mystères mais aussi d’expliquer à l’extérieur les évolutions qui s’y passent. Et , avouons le, ma formation d’anthropologue a repris le dessus…

Cependant, ce blog suit une choix éditorial clair ( en tout cas pour moi et cet article va le rendre plus explicite). Trop souvent, le continent africain est montré dans les médias occidentaux comme un continent pauvre, faible, ayant besoin de l’aide international, violent…. Et je ne veux pas ajouter à ce discours. Au contraire, je fais le choix explicite d’écrire sur le positif, sur ce qui me plait et m’enchante dans ce pays. Pas de misérabilisme sur ces pages, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y pas de misère au Burkina. Il y en a. Je fais le choix de ne pas mettre la lumière dessus et de mettre la lumière plutôt sur les aspects positifs comme l’entraide, l’humour, la bienveillance et toutes ces raisons qui font que je reste. Je rends donc une image consciemment biaisée de la réalité mais qui j’espère permet de rééquilibrer la balance aux yeux de mes lecteurs occidentaux trop soumis à la représentation misérabiliste de l’Afrique.

Dernièrement, j’ai suivi une formation de l’initiative Africa No Filter, initiative qui travaille à une meilleure représentation de l’Afrique dans les médias… j’espère donc encore m’améliorer dans la représentation que je donne de mon pays d’adoption.

Et oui, je généralise…

La nuance est importante. Pouvoir dire que ce n’est pas tous les burkinabè, ou tous les hommes, ou tous les… mais bien une partie des hommes, une majorité des burkinabè, la partie que je vois le plus des burkinabè… est important mais c’est parfois long à écrire ( et de surcroit à lire).

Notre esprit a besoin de généraliser pour mieux catégoriser et se faire une idée du monde. Les stéréotypes, négatifs ou positifs, ne veulent pas dire que tous absolument tous les suisses sont ponctuels ou que absolument aucun britannique ne va dépasser dans le rang. Mais ils donnent une indication générale qui nous permettent de nous orienter dans des cultures que nous maitrisons moins.

Depuis quelques temps, j’ai commencé à suivre des personnes qui se nomment « interculturalistes » sur LinkedIn ( je vous conseille le profil du docteur Catherine Wu sur ce sujet). Professionnels des relations interculturelles dans le monde des affaires notamment, ces personnes forment des équipes à mieux comprendre les différences culturelles en leur sein. Et ce sont les premiers à préciser que les différences de personnalité , de génération, de niveau social au sein d’une même culture sont tout aussi important que les différences culturelles. Mais ils donnent aussi des indications générales : entre culture centrée sur la collectivité versus culture centrée sur l’individualisme, entre culture hautement hiérarchique et culture plus horizontale, etc… indications générales qui permettent de naviguer l’interculturel, de mieux comprendre les enjeux ou les réactions des uns et des autres au travers des filtres qui ne nous sont pas habituels.

Donc oui je généralise mais j’ai confiance en mes lecteurs pour ne pas transformer mes indications générales censées leur donner quelques clefs de compréhension en des généralités voir en des préjugés.

Quand à moi, je m’efforcerai de m’améliorer à chaque article et de faire ressortir les nuances sans alourdir mon texte. ( et en gardant ma ligne éditoriale ).

trouver l’équilibre entre obligation de nuances et obligation de clarté n’est pas toujours facile

PS : peut-être également que ma période de lune de miel avec le Burkina n’est pas terminée et donc je n’y vois que le positif.

PPS: merci à Lili et Marion pour leurs retours pertinents et tout en douceur

2 réflexions sur “« OK mais tu généralises… »

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