Vivre l’interculturalité

En tant que personne ayant choisi de vivre dans un pays et dans une culture qui n’est pas celle de ma naissance ni de mon enfance, je vis la richesse de l’interculturalité au quotidien .

L’interculturalité , c’est ce grand mot défini  par l’Unesco comme ce qui « renvoie à l’existence et à l’interaction équitable de diverses cultures ainsi qu’à la possibilité de générer des expressions culturelles partagées par le dialogue et le respect mutuel. »

Mais au quotidien, comment la vit-on? Qu’est-ce que cela signifie ? Qu’est-ce que ça apporte ?

Qu’est-ce qu’est l’interculturalité et puis aussi qu’est-ce que ce n’est pas ?

L’interculturalité, c’est une rencontre qui, faite à bras et à cœur ouverts, est un cadeau, une richesse.

L’interculturalité, c’est plus que la somme de deux cultures, c’est une interaction qui apporte réflexions intérieures, autres manières de faire et de penser.

L’interculturalité, ce n’est pas chercher la meilleure des cultures  comme réponse à un contexte donné. C’est une mixité, c’est construire des solutions qui empruntent un peu ici et un peu là. C’est une réponse nouvelle et enrichie.

L’interculturalité, ce n’est pas se demander laquelle des deux cultures en présence apportera les procédés les plus efficaces. C’est se demander si  l’efficacité est vraiment la meilleure des finalités. Dans certaines cultures, comme c’est le cas dans la culture burkinabè, le vivre -ensemble est plus important que l’efficacité chérie par l’occident. L’interculturalité, c’est mettre de côté ce qu’on croit le meilleur pour respecter la culture de l’autre et au fur à mesure enrichir ses propres pensées.

L’interculturalité , ce n’est pas abandonner une culture donnée pour en emprunter une autre. Certaines coutumes sont riches à garder. Certaines manières de faire sont justes à conserver. Certaines valeurs doivent rester une priorité morale. Ce n’est pas nier son origine ou la renier. L’interculturalité , c’est accepter que l’autre ne met peut -être pas la même priorité sur une valeur donnée. L’interculturalité n’est pas  éviter le débat au contraire, c’est un débat réel qui se libère de la volonté de convaincre l’autre.

Et sur certaines valeurs, c’est aussi reconnaitre que si une valeur n’est pas forcément universelle, elle peut être universalisable. Je pense notamment aux droits humains, à la protection de l’environnement. Le discours dominant sur ces valeurs (par exemple, la déclaration universelle des droits humains) est toujours issu d’une culture particulière ( dans le cas de la DDH, celle de l’occident globalisé). Ce qui ne veut pas dire que ces valeurs ne sont pas partagées. L’interculturalité, c’est reconnaitre qu’il y a un contexte à la rédaction de ce discours mais également reconnaitre que d’autres cultures partagent  ces valeurs de protection de l’être humain mais pas forcément en ces termes. Et l’interculturalité n’empêche pas de promouvoir ces valeurs.

Portrait d'une personne allongée
Moi, il y a quelques années en pleine situation d’interculturalité

L’interculturalité, ce n’est pas reposant. Si vous avez déjà vécu une journée entière à parler une langue qui n’est pas votre langue maternelle, vous connaissez sans doute cette fatigue qui vous prend en fin de journée. Vivre dans une situation d’interculturalité, c’est la même chose. C’est épuisant. Cela demande une attention de chaque instant, une attention qui se doit de questionner «  ce qui est évident ». Cela demande de se poser des questions : est ce que j’ai bien compris ? Est-ce qu’il n’y a pas une règle cachée que j’ai loupé ? Est-ce que l’autre m’a compris ? Est-ce que je n’impose pas mon point de vue? Est-ce que je ne juge pas la situation depuis mes propres biais ? Vivre l’interculturalité, c’est une négociation permanente à l’intérieur de soi et dans sa relation avec l’autre.

Et quand une collègue française me dit «  ah c’est quand même reposant de travailler avec des personnes de la même culture ». Je la comprends car effectivement on peut penser partager des  références communes et ainsi assumer que l’on se comprend… bien que peut-être ce n’est qu’une assomption. L’interculturalité oblige à ne pas faire d’assomptions car rien « ne va de soi ».

L’interculturalité , ce n’est pas seulement entre deux pays d’origine ou deux langues. Cela peut -être entre deux classes sociales, entre deux corps de métier, entre deux familles.

Mais du coup, l’interculturalité , c’est aussi oser dépasser le «  ça va de soi » et demander «  je n’ai pas compris , tu peux m’expliquer ?». C’est avoir de l’humilité et éviter de présumer avoir compris. C’est avoir le courage de poser des questions et ouvrir le dialogue.

L’interculturalité, c’est riche et c’est intense. C’est exigeant aussi . Mais surtout c’est beau comme la découverte d’une nouvelle couleur qui permet de peindre de nouveaux tableaux.

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