Il y a quelques mois, je vous partageais quelques notions que j’ai apprises depuis mes deux ans au Burkina mais il y a aussi une masse de choses que bien que je les aie apprises intellectuellement, je n’ai toujours pas bien intégrées. Voici un petit florilège des choses que …, je n’ai toujours pas bien compris et qui me surprennent toujours . Il y en a bien entendu plein d’autres et certainement encore plus que je ne suis même pas consciente que je ne sais pas.
Moi qui adore apprendre, ça me réjouis.
Les prix en Dioula.
Même si mon apprentissage du Dioula n’est pas aussi rapide et complet que j’aimerais, j’avance lentement. En effet, la grande majorité des gens me voyant visiblement étrangère s’adresse à moi en français ou même si j’ai commencé en Dioula continue la conversation en français. Un phénomène que l’on peut aussi observer aux Pays-Bas quand on veut exercer son néerlandais et que tout le monde répond en anglais.
Mais je progresse, je suis notamment assez fière de pouvoir faire le marché de légumes en Dioula… sauf pour une chose, les prix. Les prix en Dioula me demandent non seulement de traduire mais aussi de faire des multiplications. Pour une raison que j’ignore mais probablement lié à l’historique de la monnaie, le prix dit doit être multiplié par 5 pour avoir la somme exacte. Par exemple, si la vendeuse vous dit que le prix est « bi naani » ( soit 40 ), il faut lui tendre 200 francs !
Alors, je le sais, je peux l’expliquer mais en situation réelle, il n’y a rien à faire : multiplier et traduire ne faisant pas appel aux mêmes parties de mon cerveau, le prix se sera discuté en français.

L’ordre du protocole
Dans mes activités, j’assiste voir j’organise pas mal de cérémonies… et chaque fois, je fais relire mon discours : est ce que j’adresse bien mes invités dans le bon ordre protocolaire, que je mets bien les plus importants d’abord ? Et bien, je ne suis toujours pas certaine.
Ce que j’ai compris , c’est uniquement une choses : Quand plusieurs autorités sont présentes : c’est par ordre de taille géographique : d’abord le national, puis le régional… jusqu’au communal.
Et je commence à percevoir une deuxième chose : normalement on met les plus important en premier mais quand il y en a deux de même importance, les derniers salués sont aussi mis en avant.
Pour le reste, ben, je fais appel à un maitre de cérémonie local et espère que ma blancheur excusera encore pour quelques temps mes fautes de protocoles.
Ne pas prendre d’huile si on a mal la gorge
Le climat du Burkina n’empêche pas les maux de gorges et autres rhumes : la poussière en saison sèche, l’humidité en saison des pluies, la climatisation, le vent n’épargnent pas les gorges.
Et quand la gorge est sèche, fait mal qu’on aurait envie de la huiler et bien les burkinabè préfèrent manger sans huile de l’atiéké sec qui racle les derniers centimètres carré non à vif de la gorge….
Quand est ce que le Bobolais dort
J’avais déjà partagé cet étonnement : je ne sais pas quand le bobolais dort ou en tout cas quand est ce qu’il « fait sa nuit ». Vous savez cette fameuse nuit de 8h que l’on nous conseille. Au bruit des maquis pas loin de chez moi, même en semaine, l’activité s’arrête vers les 2h du matin (il parait d’ailleurs que c’est à cette heure là qu’on peut trouver les meilleurs pains à la viande de la ville) et reprend à 4h30 avec le premier appel à la prière. Bien qu’il est régulier que l’activité se calme également entre midi trente et 14h30, cela ne fait jamais que 4h de sommeil. Vous allez me dire que les fréquenteurs de maquis ne sont pas les mêmes que ceux qui vont à la mosquée à 5h…. Cependant , j’ai déjà reçu de la même personne des messages à minuit, 2 h du matin, 5h30 du matin, 8h… pas forcément les mêmes jours. Bref, je ne sais toujours pas quand le bobolais dort ni son rythme de sommeil.
L’usage de la seconde personne ou de la troisième pour parler de soi
Le burkinabè utilise très souvent le « nous » ou le « on » pour parler de lui-même ou de son interlocuteur. Il parait que cela serait dû à l’enseignement et à la consigne de ne pas utiliser de pronoms personnels dans les dissertations.
Et pourtant, moi , quand j’entends : « nous avons organiser une rencontre de 50 personnes », je m’attends à rencontrer un comité d’organisation et pas une seule personne. Et quand, vers midi, un ami me dit « on mange quoi aujourd’hui ? », je m’attends à ce qu’on mange ensemble… heureusement que je n’ai pas trop attendu sinon je serai morte de faim.
Ce que veut dire « j’arrive »
Le fameux appel ou message « tu es à la maison ?» suivi d’un « j’arrive » ne veut pas toujours dire que la personne est à 5 minutes de chez toi et va passer directement. Souvent, elle va arriver dans les 20 minutes. Parfois, elle viendra 1 heure après ou deux en tout cas dans l’après-midi et parfois elle ne viendra pas…Mais sois assuré que la fois ou après avoir reçu ce « j’arrive », tu décides de préparer un gâteau en attendant, la personne te surprendra les mains dans la pâte !
Personnellement et pour mon bien-être intérieure, j’ai décidé que quand je recevais ce message « j’arrive », je me rendais disponible pour une heure avant de vaguer à d’autres occupations. Et oui, régulièrement, la personne attendue arrive en général au moment où je mets mes chaussures pour aller faire les choses.
J’ai encore mille choses à apprendre et sans doute qu’il y aura toujours des petites choses qui vont me surprendre dans mon pays d’adoption… je m’en réjouis d’avance !