Le Burkinabè est -il macho ?

Il y a quelques jours était célébré le jour international de la lutte pour le droits des femmes. Le 8 Mars, un  jour férié au Burkina Faso et ce depuis le temps de Thomas Sankara.

Alors qu’en est-il de l’égalité femmes-hommes au Burkina Faso ? Le burkinabè est-il macho ?

L’égalité de genre au Burkina est un sujet complexe et il m’importe de ne pas le traiter de manière simpliste avec mes yeux de femme occidentale ayant eu le privilège d’une éducation supérieure. C’est pourquoi, je vous inviterai à consulter d’autres que moi sur le sujet, je vous mets d’ailleurs plusieurs liens dans cet article.

Le cadre législatif du Burkina Faso est  assez poussé dans la protection des droits de la femme, la garantie de l’égalité de genre et la représentation politique avec notamment des quotas obligatoires aux élections. Cependant ce cadre législatif et cette intention politique ne compensent pas des pratiques discriminatoires basées sur le genre encore très présentes dans le pays : discrimination au profit des garçons au sein de la famille, mariage précoces des filles, pratique de l’excision, accès restreint aux ressources et plus particulière à la terre pour les femmes, etc.

Ces rapports inégaux de genre sont également très différents selon le contexte urbain ou rural ; ou encore selon le groupe ethnique ( plus de 60 groupes différents au Burkina avec chacun ses coutumes et traditions).

Pour plus de détails, je vous invite à consulter ces articles plus étayés :

Article de l’association Wathi,  Think thank citoyen de l’Afrique de l’Ouest

Et  le résumé de  ‘l’indicateur « institutions sociales et  et égalité hommes-femmes au Burkina Faso » ‘ étude du centre de développement de l’OCDE en 2015.

Ici, je m’attarderai plus sur ce que j’ai pu observer moi-même  et notamment sur les différences de justifications dans la discrimination des femmes par rapport à ce que je connais plus càd l’occident.

Notez bien, chères lectrices et chers lecteurs, que ces observations  sont le résultat de réflexions subjectives, tirées de mes observations limitées.

Les femmes sur un piédestal.

Les femmes sont discriminées en Occident également. Même si l’émancipation progresse , ce n’est que lentement et l’égalité femmes-hommes est loin d’être atteinte. On trouve d’ailleurs régulièrement plus de femmes dans des positions importantes au gouvernement dans des pays africains que dans les pays européens ou d’Amérique du Nord.

Ce qui m’intéresse ici, c’est la différence de justification pour maintenir les femmes à une certaine place : place de mère, responsable de la gestion domestique.

En Europe, le discours autour de la femme est que celle-ci est faible, à protéger du monde extérieur, une petite chose fragile qui ne devrait pas se frotter au rude monde du travail.

Au Burkina Faso, vous n’entendrez pas un tel discours. Au contraire, la femme est idéalisé, c’est une « maman battante », une femme forte car il en faut de la force pour maintenir un foyer et s’occuper des enfants.

Quel que soit le discours , le résultat est le même : maintenir les femmes à une certaine place et pas à une autre.

Une discrimination qui enferme également les hommes

Par ailleurs, il faut également noter que la discrimination des femmes enferme également les hommes dans des rôles et des responsabilités particulières dont ceux- ci. La responsabilité d’être le protecteur à tout pris du foyer et celui sur qui repose la prospérité de la famille est également pesante.

Un partage plus flexible et plus adaptable aux aspirations de tous et toutes seraient ainsi bénéfique pour les deux genres.

Le rôle des religions, pas que discriminantes

En occident , les discriminations à l’encontre des femmes ont été justifiées notamment par les dignitaires religieux. De nos jours, les actrices de l’émancipation des femmes vont  pointer la responsabilité de la maintenance de ses discriminations vers les religions et notamment vers l’Islam. Or  on se doit que c’est bien plus subtile que cela. On voit dans cet article de Maud Saint Lary , «  Quand les droits des femmes se disent à la mosquée » que la religion musulmane est également utilisée par les féministes burkinabè afin de faire valoir leurs droits face à une culture traditionnelle discriminantes par rapport aux femmes.

Comme tout sujet, la  question de la place des femmes dans la société burkinabè se doit d’être abordé de manière complète et sans biais. Et celles qui en parlent le mieux sont encore les femmes burkinabè, encore faut il être prêt à les écouter.

Quelques pistes pour démarrer votre écoute:

L’association des femmes juristes du Burkina Faso

Le journal en ligne avec une ligne éditoriale tournée vers les femmes ( et également une de mes meilleures sources d’informations impartiales) Mousso News

Cet article «  Féminise au Burkina Faso : mythes et réalités » écrit en 2008 par Monique Ilboudo, une professeure et ancienne ministre Burkinabè

Le pagne du 8 mars 2022

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