Petit traité de français burkinabè à usage des francophones étrangers

Au Burkina Faso, la langue officielle est le français et c’est le français qui est enseigné à l’école malgré les nombreuses langues des différentes ethnies du pays.

Cela n’a pas empêché les burkinabè (nom invariable et avec un accent grave !) de s’approprier le français et de développer quelques expressions bien à eux. Pour certaines, le sens est facilement compréhensible. Pour d’autres, il vaut mieux se pencher un peu sur la culture burkinabè.

« Bonne arrivée » : Cette phrase vous sera adressée à de nombreuses reprises dès que vous arrivez quelque part que ce soit lors de votre première arrivée dans une ville ou dans le pays ou les matins au bureau. C’est une forme de « bienvenue ».

« Bonne traversée » : Cette phrase, je l’ai d’abord entendu des mes amis burkinabè quand je devais me rendre en Europe. J’ai donc cru que comme je « traversais » un continent, elle est tout appropriée. En réalité, on vous souhaitera une bonne traversée dès que vous voyager pour aller passer au moins un nuit ailleurs donc y compris pour des voyages dans le même pays comme pour aller de Bobo à Ouaga.

« Position »: Expression à l’origine utilisée par un chef pour demander où se trouve son subalterne, en général au téléphone. Par extension, cette expression est aussi très utilisée entre amis qui souhaitent se rejoindre pour aller «  se renverser » dans un maquis.

« On est renversé ici » : équivalent du «  on est posé ici » entendu en Belgique. C’est-à-dire qu’on s’est assis quelque part d’agréable avec l’intention d’y rester un bon moment . «  Je suis renversé au maquis du coin »

« Vous êtes invités » : formule de politesse inversée par rapport à la politesse européenne. En Europe si vous croisez le regard de quelqu’un sur le point de ou en train de manger, c’est à vous de lui souhaiter un « bon appétit ». Par contre, ici au Burkina, si vous êtes sur le point de manger ou en train de et que vous croisez le regard de quelqu’un, c’est à vous de lui proposer de partager votre repas : « vous êtes invités ». Dans 99% des cas, la personne ne vous prendra pas au mot et si c’est le cas, c’est parce que c’est une personne proche , de la famille, un ami ou un collègue. Je relie cette politesse au sens aigu de l’accueil de la culture burkinabè.

« Le riz couché » ou d’ailleurs «  le tô couché » ou « le plat untel couché », se dit du plat de la veille qu’on termine pour le midi ou autre. Il est couché car il a passé la nuit.

« Bonne digestion » : c’est ce que l’on souhaite en fin de repas à la personne repue.

« Ce n’est pas évident » : les burkinabè ont le sens de l’euphémisme ou plutôt la culture du positivisme, parfois à outrance. Jamais , on ne vous dira que quelque chose est impossible ou que quelque chose ne va pas du tout… mais il existe des moyens détournés de prévenir de la difficulté de réalisation de quelque chose. «  Avec la pluie là, c’est pas évident que nous allons sortir ce soir ».

« Ça va un petit peu bien » : le burkinabè qui vous dit, ne vas sans doute pas très bien et rencontre quelques difficultés en ce moment. Parfois, cela appelle à al discrétion, il ne vaut mieux pas remuer le couteau dans la plaie en demandant des détails mais d’autres fois, demander très franchement en réponse à ce « ça va un petit peu  bien » : « qu’est ce qui ne vas pas ? » sera accueilli avec soulagement car votre ami va pouvoir enfin se confier.  ( Attention, ne peut se faire qu’auprès de personnes proches et, probablement en tant que visiblement étrangère et blanche, c’est mieux accepter que je m’inquiète de leurs malheurs. L’important pour les burkinabè de ne pas s’étendre sur leurs malheurs est de ne jamais perdre la face.)

«  C’est gâté » : ce dit d’une chose qui ne fonctionne plus ou qui est cassée, en général par l’usure ou le temps qui passe. Ce dit aussi d’une nourriture devenue impropre à la consommation car pourrie ou tournée.

« Meilleure santé » : au Burkina, on ne vous souhaite pas un « bon rétablissement » d’une maladie mais bien une meilleure santé générale qui implique aussi de ne plus tomber malade.

«  Bobo est doux », se dit d’un endroit qui apporte du positif : soit le climat y est clément, les opportunités sont là, la vie y est agréable. Pour moi, Bobo est doux, en effet.

« Le temps est sexy » :  alors en Belgique, on parlerai d’un temps sexy quand les températures augmentent, les corps se dévêtissent, la légère sueur diffuse les hormones : un temps « hot » ou « caliente »… Ici au Burkina quand il fait chaud et soleil, il fait bien trop chaud que pour songer à se coller à une autre personne ou à s’engager dans du sport même en chambre !   Par contre quand les températures redescendent grâce à la pluie, qu’il fait un peu gris… on aurait bien envie de se blottir contre quelqu’un : le temps est sexy !

l’opposé d’un « temps sexy »: fais trop chaud, pas touche!

2 réflexions sur “Petit traité de français burkinabè à usage des francophones étrangers

  1. très bonne analyse et remarque « on est renversé ici » j’ai pas l’habitude d’entendre ça mais plutôt « on est basé ici » ou « on est callé ici ».on attend la suite des analyses .mais fais attention du risque de ne pas te faire épousé par là ville.car nombreux sont venu et n’on pas pu repartir ,a cause de son charme

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