En avril, on dit que le Burkina a une frontière direct avec l’enfer… et littéralement tout ce que vous touchez semble avoir été posé sur un radiateur y compris le carrelage, vos vêtements, les draps, l’eau « froide » du robinet….
Pour me ménager, j’en ai donc profiter pour faire mon premier « allez-retour », une visite en Belgique.
C’est la première fois et le moins qu’on puisse dire, c’est que je ne suis as encore rompue à l’exercice du marathon de visites, de rendez-vous médicaux, de courses ici et là récupérer ce qui fera plaisir dans quelques mois lors d’une poussée de nostalgie.
En 3 semaines, sur place, je n’ai pas vu tout le monde, loin de là. Les mesures covid entre quarantaine à l’arrivée et rencontres en petits groupes n’ont pas aidé.
Par contre, je suis heureuse d’avoir pu passé du temps de qualité avec mes parents et la plupart de mes amis, de ma tribu de cœur.

Ce qui m’étonne, après 8 mois passés ailleurs.
Passé le premier choc de voir un bras blanc accoudé à la fenêtre de la camionnette devant nous ( mon cerveau a pris l’habitude des peaux noires), plusieurs caractéristiques de mon pays m’ont surprise, parfois des détails, auxquels je ne faisais pas attention il y un an, ou des différences plus importantes et des remises en question.
Le premier, flagrant, dès la sortie de l’avion, une caractéristique forte de l’occident qui me frappait déjà avant mon départ mais à laquelle je suis devenue encore plus sensible : le racisme. Et plus précisément ici, le racisme des forces de l’ordre de l’aéroport de Charles de Gaulle à Paris. Non, monsieur le policier, cette famille venue du Ghana et en transit pour le Canada ne parle pas français. Oui, vous devriez faire un effort quand vous travaillez en zone internationale d’un aéroport. Non, leur crier dessus plus fort , toujours en français, ne vous fera pas mieux comprendre. Non, l’équipe de la douane, le fait que monsieur travaille dans le secteur de la construction en Turquie ne vous regarde pas et combien il gagne non plus, et cela n’a rien à voir avec cette farde de cigarettes de trop sur laquelle il aurait dû payer une taxe. Bien sûr pour ma part, je reçois mon passeport presque avec un sourire et un « bon retour chez vous », c’est que être blanche est moins suspect surement.
La deuxième caractéristique moins importante moralement mais à laquelle je vais mettre le séjour à m’habituer c’est le temps que prend le soleil pour se coucher. Depuis 17h chaque soir, je m’attends à ce que la nuit tombe, qu’il fasse noir. Le temps me parait s’éterniser et le soleil n’en finit pas de descendre. Il faut dire que je me suis habitué à ce que le soleil commence à baiser à 18h et soit totalement couché dès 19h !

L’expérience de la grande surface. Déjà avant quand je vivais à Bruxelles, je ne fréquentais que rarement les grandes surfaces et me sentais toujours un peu dépassée quand je m’accompagnais mes parents le weekend pour leurs courses de la semaine. Mais , cette fois , l’écart est encore plus grand. Devant le choix démesuré, les kilomètres de rayons, je reste interdite au rayon « compotes ». Non seulement il y a différentes variétés ( avec morceaux, mousseline, sans sucre ajouté, poires, abricots, rhubarbes,….) mais en plus pour une variété il y a 5 -6 marques… Je ne sais pas moi, je voulais juste une compote. Bienvenue dans le faux luxe démesuré, la fausse abondance.
Sinon, j’ai eu froid, très froid. Bon, il a fait froid aussi pour la saison, des températures en deçà des normes saisonnières. Mais surtout, cela prend plus de temps de s’habituer au froid qu’au chaud. En échangeant dans les trains, avions et aéroports, ma théorie se confirme : si le choc est plus dur pour passer du froid au chaud, cela ne représente que 2-3 jours où on est assommé. J’ai d’ailleurs dormi presque toute ma première journée de retour à Ouagadougou et ce malgré une première pluie qui avait rafraîchi l’atmosphère. Par contre, le froid , ça prend bien 3 semaines – un mois pour s’y habituer. Ce qui fait bien rire mes amis en me passant la couverture supplémentaire alors qu’ils ne me connaissaient pas frileuse.
En parlant de mes amis, ce qui m’a surpris : c’est leur diversité . Diversité de style de vie, d’intérêts, de façons de manger, de projets de vie. Une diversité qui ne me sautait pas aux yeux avant et qui a peut -être été renforcée suite à cette pandémie de covid et les mesures imposées qui ont isolées les personnes dans leurs bulles. Une diversité qui est riche, respectueuse et qui partage cependant des mêmes valeurs humaines : de l’accueil, du partage, de l’entre-aide.
Je vous embrasse fort les amis de là-bas. Vous êtes autant bienvenus ici que vous m’avez accueilli là-bas. Donc, quand vous voulez !
