Dire » oui », bien que quelques mantras de développement personnel nous proposent régulièrement d’apprendre à dire » non » , il y en a d’autres qui nous invitent à dire » oui ». Tout est une question d’équilibre : trop de » non » et on s ‘isole. Trop de oui, on risque de se perdre et s’épuiser
Pour ma part, je dois avouer être plutôt dans l’équipe qui dit » oui ». Et bien qu’il faut parfois rééquilibrer avec quelques « non » pour mieux me reposer, le « oui » m’a amené à de belles découvertes.
J’ai , d’ailleurs comme principe que » si on m’invite, je dis « oui ». Sauf indisponibilité flagrante, fatigue fulgurante ou risques de sécurité trop criant.
Depuis que je suis au Burkina, ce principe m’a fait découvrir de nombreux aspects de la culture burkinabé.

Ainsi je me suis retrouvée:
- Dans la chambre d’une mariée lors d’un mariage traditionnel. Je ne connaissais pas la mariée, un bébé à pleurer en me voyant. J’ai mangé du poulet et du riz gras assise en équilibre sur le lit et en faisant de mon mieux pour éviter de tacher les tenues qui y étaient disposés. A la fin, j’ai assisté au symbolique enlèvement de la mariée où la famille du marié vient dans la famille de la mariée pour la conduire dans sa propre famille et symbolise ainsi le fait que la mariée quitte sa famille pour intégrer celle de son époux.
- J’ai passé mon premier Noël à Ouessa, village de mon papa burkinabè.
- Je me suis rendue aux funérailles de la maman de mon binôme avec cérémonie catholique et célébration traditionnelle. Les petits fils étant venu « interrompre » la cérémonie catholique pour procéder à l’enterrement. Selon la tradition, les petits enfants de la défunte ont dansé toute la nuit pour célébrer la longue vie .
- J’aie participer à mon premier Tabaski et aux suivants. Les fêtes au Burkina multiconfessionnel ont une tradition qui symbolise l’unité et que j’aime beaucoup. Lors des fêtes chrétiennes, les musulmans rendent visite à leurs amis et connaissances chrétiennes. Et lors des fêtes musulmanes, c’est l’inverse. Lors de mon premier Tabaski ou fête du mouton comme on l’a connait mieux en Belgique, je suis sortie à 11h pour accompagnée une amie. Nous sommes allé dans 6 familles, nous avons mangé 6 fois. A 18h, je rentrais le ventre beaucoup trop plein et émerveillée des rencontres. Depuis, lors de Tabaski, moi aussi, je « tourne » auprès des amis musulmans, j’ai même mes préférés en terme de nourriture.
- Lors de l’inauguration de la mairie centrale de Bobo-Dioulasso, une grande cérémonie s’est tenue. Les autorités locales étaient particulièrement fières d’avoir reconstruit sans l’aide de bailleurs étrangers. Dans l’assemblée, j’étais la seule toubabou ( toubabou veut dire « non africains » et s’applique aux occidentaux comme aux asiatiques).
- Je me suis rendue aux funérailles annuelles de Kologo, frontière du Mali. Les funérailles annuelles sont des célébrations qui se font chaque année pour honorer les disparus de l’année. Comme les familles sont très souvent dispersées dans tout le pays, il n’est pas toujours évident de revenir au village pour un enterrement imprévu. C’est pourquoi les funérailles annuelles permettent à toute la famille de se recueillir car les dates sont connues bien à l’avance. Ce sont des cérémonies où sortent les masques, où les initiés effectuent des danses symboliques. A Kologo, ils dansent avec le feu.
- Un jour de septembre, mois de vacances, je me suis retrouvée au Fitini show à accompagner 7 enfants. Le Fitini show, un concours de scènes ( danse, chant, slam, défilé) pour et par les enfants et draine une foule de petits burkinabè en délire. J’ai vu une fois, c’est bien. Je sais maintenant
- J’ai assisté à 2 cérémonies » modernes » de mariage complètes avec suite de demoiselles d’honneur, drapés dans toute la salle, remise de cadeaux et interlude musical par des troupes de danseurs

- Je me suis rendue à la cérémonie des Balani awards à Orodara. Première édition de remise de prix aux artistes de l’année issus du Kenedougou.
- Par deux fois, mon amie Clarisse m’a invitée aux danses des masques de Logofoursso, un village de la banlieue de Bobo-Dioulasso. Les danses des masques sont liées aux cérémonies de funérailes annuelles
- Et j’ai commencé l’écriture de cet article à la cérémonie d’élections de la miss des hauts bassins 2024…. il faut dire que toutes ces cérémonies commencent rarement à l’heure, il faut bien s’occuper.
Ce que cela m’apporte de dire oui à toutes les invitations ou presque?
Une ouverture d’esprit, une meilleure connaissance de mon pays d’accueil et une réputation d’être ouverte et intégrée.
Cela vaut bien un peu de patience, quelques sentiments de confusion et parfois un petit manque de sommeil.

