« Soyons propres »

La notion de ce qui est propre et de ce qui est sale n’est pas uniquement dictée par l’hygiène et est culturellement variable.

Ainsi tout occidental qui a un peu voyagé dans sa vie au contact d’autres cultures sait que le blanc est en général plutôt vu comme quelqu’un de pas très propre. Ce préjugé me parait à la fois en partie vrai : nous, de culture occidentale, ne sommes pas toujours des plus hygiéniques dans nos habitudes mais également en partie liée à des conditionnements culturels et aussi à des conditions de contexte géo-climatique.

L’européen sale

Au Burkina Faso, il fait chaud, ce qui est un terrain propice au développement rapide de toutes sortes de bactéries notamment celles qui aiment passer de notre nourriture à notre système digestif et nous causer toutes sortes de désagréments plus ou moins grave ( de la tourista passagère à l’hospitalisation pour intoxication alimentaire). Une des raisons sans doute pour laquelle, le burkinabè est beaucoup plus rigoureux quand à la propreté autour des aliments et des repas. Impossible au Burkina Faso de manger avec ses doigts sans s’être laver les mains. Même un biscuit , un fruit sera pris avec des doigts fraichement lavés ou à défaut d’eau disponible avec un mouchoir en papier.

De l’autre côté , en Belgique, pays des fritkot ( sorte de petite caravanes, food trick ou maquis qui vent des frites), ceux-ci sont rarissimes qui prévoient un endroit pour se laver les mains avant de plonger dans le cornet de frites. Et c’est le même manque pour les vendeurs de beignets lors des fêtes foraines ou tout autre street food qui se mange avec les doigts. Il faut dire que les bactéries se développent moins vite dans un climat froid. Sur ce point, le climat clément en terme bactérien du nord a rendu l’européen sale.

On se lave les mains , d’abord!

« Nettoyer souvent » VS «  ne pas salir »

Une grande différence culturelle de propreté que j’ai pu expérimenter mais que je ne m’explique pas encore tout à fait c’est que alors que l’européen va s’efforcer de ne pas salir :en évitant de faire des miettes en mangeant, en déposant ses déchets dans la poubelle plutôt qu’au sol, etc. ;  le Burkinabè va salir mais nettoyer bien plus souvent. Quand ma filleule vient passer quelques jours à la maison, elle est en met partout mais va nettoyer la table et passer le balais plusieurs fois par jour ! Peut-être est une habitude prise due à la poussière qui en saison peut laisser la trace de votre assiette sur la table et ce même si vous avez débarrasser dans le quart d’heure après voir fini votre dernière bouchée.

C’est logique de laver souvent s’applique aussi aux corps. Non seulement pour des raisons religieuses ( le musulman pratiquant va faire ses ablutions ou se débarbouiller 5 fois par jour) mais également dû à la chaleur et à la transpiration : au Burkina, on se lève, on se douche, avant le yoga, il nous est conseillé de nous laver, après le sport, on se lave, avant de dormir , on se douche.

Et avec vigueur ! le Burkinabè se lave à l’eau chaude (très chaude) et se frotte avec savon qui mousse et filet de bain qui exfolie…. Si une peau blanche se risque à imiter ce régime, elle finira rouge, irrité et ayant perdu ton son sébum protecteur…

Qu’est ce qui est sale ?

Une dernière différence parfois marquante est ce qui est considéré comme sale… Dans ce cas précis, il est important de noter que pour ma part, outre le fait que je suis d’origine belge, je suis aussi écologiste, ce qui influence fortement ma perception de la « saleté ». Ainsi pour moi, les feuilles mortes, la boue, les herbes folles sont loin d’être des déchets… Mais pour le burkinabè, un endroit propre est un lieu balayé, net et  du coup vide… Cette perception des « déchets verts » doit aussi à la présence de petites bêtes plus ou moins fréquente et plus ou moins dangereuses. Ainsi des buissons laissés sauvages peuvent attirer les serpents. Et tout amas de choses aussi naturelles qui soient mais qui retiennent l’humidité est une pépinière de moustiques, éventuels porteurs de paludisme, fièvre typhoïde et autres maladies. Ils sont donc à éliminer sans distinction pour le Burkinabè. Pourtant ces amas naturels peuvent également être une grande richesse de nutriments pour le sol et donc pour l’agriculture et globalement très important pour la biodiversité… J’ai donc le plus grand mal à convaincre de trier et de me garder les déchets verts tout comme de ne pas couper les herbes folles… mais à force de compromis ( bien circonscrire le lieu de compost, accepter la taille mais pas l’enlèvement du buisson, etc.) , j’y arrive.

Quand on demande aux burkinabè de nettoyer, ils nettoient tout…

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