Je viens d’un pays connu pour être un pays pluvieux, la pluie s’y installe parfois pour plusieurs jours, elle y teinte tout de gris et son crachin fait rentrer la fraicheur jusque dans les os. En Belgique, c’est rare d’aimer la pluie
Au Burkina Faso, j’ai vite appris que j’aimais la pluie. Lors d’un sondage auprès de mes collègues, je sais que je ne suis pas la seule.
La pluie ne tombe que quelques mois par an de mi-juin à début-octobre avec de très (trop?)rares occurrences vers le mois de mars.
Au début, elle amène avec elle un temps lourd et poisseux mais très vite, elle rafraichit l’atmosphère.
Avec elle , la verdure reprend ses droits et plutôt que du gris, la pluie amène du vert et fait ressortir le rouge de la terre d’ici.
La pluie nettoie les feuilles, les sols, les murs et ravive les couleurs.

La pluie est un merveilleux prétexte pour ne rien faire : personne ne prend la route ; parfois l’électricité part avec la pluie, le réseau téléphonique aussi ; le bruit des gouttes sur les toits de tôles empêchent toutes conversations.
La pluie te donne une raison pour annuler ce rendez-vous auquel tu ne voulais pas te rendre et tu n’es même pas dans l’obligation de prévenir car tout le monde sait qu’il pleut.
Les heures de pluie plus fraîches ne donnent qu’une envie : se blottir sous une couverture ou mieux dans les bras d’un être aimé. C’est pourquoi le burkinabè appelle, avec beaucoup de logique, la pluie « un temps sexy ».
La pluie me garantit des moments pour moi sans interruptions extérieures. La pluie fait apprécier la tasse de thé fumante avec la verveine du jardin et donne envie de porter des chaussettes.
La pluie fait pousser la nature, les légumes, les fruits et est promesse de récoltes futures. La pluie récolte elle-même les citrons de l’arbre. Il suffit de se pencher pour les récupérer au sol sans risque de se faire piquer par les épines du citronnier.
Au Burkina, la pluie vient rarement sans l’éclair et le tonnerre, le bruit que je préfère au monde.
Ce matin, il pleut et j’ai enfin repris la plume.

Une réflexion sur “Ode à la pluie”